Un petit tour en Corée. (Du Nord)

avril 12, 2012

Bonjour!
Oh, jour de jubilation! Kim Jung-Un à été nommé premier secrétaire du part des travailleurs de la RDPC!
Voilà qui va mettre du baume au cœur au peuple de la péninsule, encore en deuil après la disparition du cher leader.

Et moi, je m’en vais pour Pyongyang cette après-midi, pour une dizaine de jours. Pensez bien à moi quand vous verrez la fusée nord-coréenne à la télé, percer les cieux vers un avenir éternel!

Ah, et inutile d’essayer de me contacter avant mon retour: pas d’Internet, pas de téléphone, je serai totalement coupé du monde impérialiste.
À bientôt (peut-être)
A.

Les gentils narcos

février 22, 2012

Bonjour! Je suis rentré au bercail hier soir, mais j’ai encore quelques bafouilles à publier… Voici donc.

 

L’autre jour, je vous écrivais de Juchipila, village paumé du centre-ouest. Entre deux sierras qui accaparent la pluie et en laissent bien peu aux terres de la vallées.
C’est encore un arbre qui m’y a conduit. Le « pino azul »(Pinus maximartinezii) est l’une des plantes les plus rares du Mexique. Il produit par ailleurs des cônes démesurés qui renferment les plus gros pinions de la Terre. Et les plus savoureux, j’en témoigne.

C’est leur taille impressionnante qui mît la puce a l’oreille de Jerzy Rzedowski, un botaniste bel et bien mexicain, un jour de 1964, alors qu’on croyait connaitre depuis longtemps toutes les espèces de conifères du Mexique.

L’arbre est tellement rare que presque tous ses représentants poussent sur une seule propriété. J’ai trouvé l’un des frères de cette famille, apparemment descendant direct de paysans d’Estrémadure ou de Galice, qui a gracieusement accepté de monter me montrer la bête.

En voyage, je peux faire confiance aux arbres pour me conduire dans des coins incongrus. Il arrive que je ne les trouve pas, mais même absents, ils me réservent des surprises.

Comme cette piste fraîchement lessivée par les averses, dans laquelle le 4×4 patinait courageusement. Le seul genre de route où il est plus sûr de ne pas boucler sa ceinture, comme me l’explique Berto, mon guide du jour. Nul doute que c’est ce qui a sauvé son frère, lorsqu’il a dévissé. Une fraction de seconde après qu’il a sauté de la bagnole, elle cramait à fond de ravin.

Trop empêtré dans la diaffe, on a fini le chemin a pied, dans une épaisse purée de pois, jusqu’au plis de la montagne où logent les précieux conifères. Cela faisait une heure que nous avions atteint les arbres lorsque soudain un magnifique Joran s’est levé et a nettoyé jusqu’au dernier nuage. Berto avait dit vrai; a notre gauche tombait le canyon et a notre droite moutonnait la pinède, concentrée autour de deux ou trois nants.

Repartis pour l’autre cote de la sierra, Berto me dit tout de go:

«On va croiser des hommes en armes sur la route, qui ne sont pas de l’armée.»- «Des narcos, alors»-«oui, mais des gentils»-«…»-«ils y les gentils Narcos, et les méchants.»-«Ah… Et comment on reconnait les uns des autres?»-«les méchants coupent[ils mutilent]. et ils tuent beaucoup. Les gentils, eux, ne tuent que les méchants»-«et qui sont les gentils?»-«les hommes du Chapo Guzman [homme le plus recherché de la planète, chef du cartel de Sinaloa].»

Sûr que c’est un peu naïf, comme vision des choses. Mais j’aurai de la peine à le contredire. Ils étaient plutôt courtois, et voulaient seulement savoir d’ou je venais. En fin de compte, beaucoup moins chiant qu’un check-point de la policía federal, connue pour soutirer des bakchich à tout ce qui passe.

Rappelle-toi qu’au Mexique, il faut plus se méfier des flics que de la mafia, m’avait dit mon paternel avant que je parte. Maintenant je sais même qu’il y a « des gentils narcos »!

Les coyotes de Zacatecas

février 14, 2012

Juchipila, Etat de Zacatecas

Je suis fatigue. Affreusement fatigue. C’etait encore une longue apres-midi de route, et la route au Mexique me terrasse. Pas une question d’asphalte, qui est tres bon, puisque le gouvernement agit comme dans tout pays en guerre: Il investit dans les armes et dans les routes, c’est tout. Pas une question de vehicule non plus, ils sont rutilants (Au Guatemala les routes sont desormais bonnes mais les bus delabres, resultat ca secoue autant que sur de la piste).

Le probleme, c’est la tele! 6 heures de route signifient 3 films a plein volume, d’affilee, et pas n’importe lesquels! De ces navets! Ils doivent les choisir expres. Ecran toutes les trois rangees, baffles au-dessus de chaque siege, son Dolby pour de la souille!

Ayant grandi sans tele reagis comme un indien d’Amazonie au petit ecran: Suis totalement incapable de pas me laisser perturber. Meme avec les paysages epoustouflants qui defilent a la fenetre, elle capte mon attention chroniquement. Une sorte de reflexe animal, primitif, de se tourner vers la source de bruit et d’image.

J’ai bien essaye d’autres moyens de transport, mais il n’y a pas de trains au Mexique (Comment on destine un pays de 115 millions d’habitants a avoir au moins autant de voitures!!), les anes sont lents et ont mauvais caractere, et l’auto-stop… Pas mieux. Ca marche de temps en temps, mais dans les zones ou les Narcos ont trop marque les esprits, les gens acceleraient en me voyant.

C’est comme ca que je me suis retrouve hier dans le desert a marcher a en avoir mal partout. Du desert brut de decoffrage, sans ame qui vive dans les quatre directions, et c’est peu dire que la vue porte loin la-bas. Une route droite comme un manche a balais, que seuls cadencent les formes incongrues des yucca arborescents, et parfois un squelette. Une voiture toute les 45 minutes, qui me filait devant a chaque fois. Il faisait tard, presque la nuit, et ces maudites montagnes semblaient toujours aussi lointaines, de fait elles l’etaient. Et puis, cerise sur le gateau, la pluie. Deux ans qu’il n’avait pas plu dans ce desert! Et il a fallu que ce soit le jour ou j’etais la.

J’etais bien sur flatte d’etre le temoin d’un spectacle rare. Le ciel au nuances d’anthracite magnifiait les hordes de yuccas geants dresses vers lui comme des animaux fabuleux. On aurait cru entendre leur mugissement. Mais j’en avais ma claque, et si je n’atteignais pas un village avant la nuit complete, j’etais bon pour la passer parmi les coyotes. Est passe un de ces pick-up large comme un camion, et quand il m’a depasse, j’ai fait ce que fait tout auto-stoppeur quand il en a trop marre. Je l’ai insulte en geste et parole. Et il s’est arrete. A ce moment precis, il y avait deux possibilites. Soit il allait me casser la gueule, soit il allait m’emmener vers un lieu habite.

J’ai eu de la chance, c’etait la deuxieme.

A bientot!

Adrien

 

Kilomètre 96

février 7, 2012

Oaxaca, le 6 février

Quand on est convalescent, quoi de mieux qu’une plage? Me suis-je dit a San Cristobal. Et hop me voila dans le bus de nuit pour le sud de l’état de Oaxaca.

Fin décembre, j’ai croisé en coup de vent Philipp, chercheur au département de philo de l’université ayant passé une année au Mexique. Juste eu le temps de lui demander « Quel est l’endroit ou il faut absolument aller? » et il m’a dit, « Mazunte ». Il ne m’en a pas fallut plus pour que je le note sur la liste.

Plus tard j’ai découvert que Mazunte est une petite plage de carte postale au sud de la Sierra Madre Occidental. Entre deux sueurs et une crampe d’estomac, sa vision s’est imposée a moi.

Mazunte: Un vrai rêve d’opium! La chaleur dorlotante, le sable qui grésille sous les assauts des vagues du pacifique, des nuits et des repas pour presque pas un rond, et cette douce torpeur ambiante, qui vous confit dans une paresse irrésistible. Le seul problème, et de taille, c’est de parvenir a s’y arracher.

Certains sont la depuis des jours, d’autres des semaines. Un sexagénaire de l’Iowa etait la depuis 13 mois. Son compère vient tous les ans 2 mois depuis… 1973! Un retraité bedonnant tout ce qu’il y a de plus classique… Jusqu’à ce qu’il allume un joint.

Le pollen, c’est un peu le jus d’orange de Mazunte. Même le sable a une légère odeur de résine. Et pourtant, personne n’a vraiment l’air défoncé. Probablement parce pour les voyageurs de Mazunte, le joint n’est pas une fin en soi, mais plutôt le dessert, la cerise sur le gâteau. Tout le monde est high, mais personne n’est tout-a-fait stone. De toute façon, avec un cadre pareil, même pas besoin de fumer pour triper.

Moi, mon principal souci etait de manger du riz, au point qu’on m’a appelé « el chino ». Une fois la panse retapé, j’ai dit adieu a tous les argentins, français, italiens, israéliens, canadiens et les rares mexicains du village, et j’ai quitté la plage.

Mazunte l’idyllique, justement, avait un goût doucereux à la longue. Il me manquait un peu de rudesse, des aspérités, un grain de défi.

Alors j’ai pris la route de la montagne. De 0 a 2300 en 3 heures. Des forêts de pin à perte de vue, rassemblant un quart des 43 espèces du Mexique. Tout a la fois un rêve et un cauchemar de botaniste!

Dormi dans un chalet zapotèque, seul habitation d’un hameau sans nom, et le lendemain, j’ai arpenté les routes de bucherons. Seul, avec la foret, le soleil, et la poussière beige de la piste. Tout ce qu’il me faut!

Revigoré par la Pacha Mama, je me suis embarqué sereinement pour le reste de la route 175 jusqu’a la ville. Les meilleurs molle du pays, le meilleur mezcal, et leurs quesadillas géante(les tlayudas) sont de bons arguments pour s’attarder a Oaxaca, mais je repars demain déjà, dans l’autre Sierra. J’ai un arbre a saluer au kilomètre 96.

Retour au Chiapas

février 4, 2012

1er février
San Cristobal de las Casas

Repos forcé dans l’ex-bastion zapatiste. J’ai une foire d’enfer, envie de rendre, et froid et chaud tout a la fois.
De zapatiste, la ville n’a plus grand-chose. Un vague souvenir, surtout visible sur les cartes postales qui commémore la « commune » des Tzotzil en 1994. Les miliciens encagoulés, a cheval, les cortèges de résistants paradant a l’accordéon et leurs masques lugubres… La fierté indienne, surtout. La fierté affirmée, brandie haute après 5 siècles d’occupation.
Les zapatistes ont été trahis par le gouvernement à chaque accord conclu. Ils se retirés dans la foret lacandonne, et sont harcelés dans les villages par les paramilitaires créés par le gouvernement. Mais si les revendications indiennes restent encore foulées au pied par l’état, des progrès ont été fait sous l’impulsion des zapatistes. La lutte n’est pas vaine!

San Cristobal est petit a petit devenu un endroit hype, et les nombreux étrangers -dont enormement d’italiens- venus après 1994 attirés par la mouvance zapatiste, devant bien se nourrir, ont ouvert des commerces. Des cafés, des guesthouse, des boutiques, et pas mal de pizzerias.

J’ai dit adieu hier a Romain, qui rentre en Europe. La frontière entre le Petén et le Chiapas fut mémorable. Après le poste frontière de Bethel, nous avons poursuivi la route pendant trois quart d’heure jusqu’au village de Tecnica(sic!) et traversé le fleuve en pirogue a moteur. Nous n’etions même pas encore de l’autre coté qu’il s’est mis a roiller comme vache qui pisse, et sur la grève nous avons du attendre la fin de l’averse a l’intérieur de la pirogue, en équilibre instable et les muscles tendus pour trouver l’angle qui nous tremperait le moins. Avec peu de succès.
Plusieurs heures après avoir tamponné notre sortie du Guatemala, nous avons eu celui d’entrée au Mexique. C’est le plus long moment que j’aie passé dans officiellement aucun pays sur terre!

Le lendemain, nous sommes allés explorer le site voisin de Yaxchilan, qui m’a fait bien plus forte impression que Tikal. Noyé dans la jungle, s’ouvrant a nous progressivement a travers la brume épaisse, il donnait l’impression que nous étions les premiers a le découvrir. Personne d’autre que nous ne l’a visité ce matin-là.

La route qui rejoint le plateau du chiapas est longue et passe de la jungle calcinée aux forets de pins de montagne, plus ou moins préservées. Nous avons croisés des patrouilles de l’armée suréquipée, et l’un des 130 Lacandons, peut-être le seul qui est albinos. Dans sa fine tunique blanche, les cheveux longs ondulés, et le visage pur, il avait l’air d’un vestige du temps.

Migrants, herbe et pyramides

janvier 29, 2012

Flores (pres Tikal), Province du Petén, Guatemala.

Bonjour!

J’avoue, j’ai un petit cote collectioneur. Mais pas du genre numismate, ce que j’aime, par exemple, c’est collectioner les lacs remarquables du monde. Comment? En nageant dedans, pardi!

Je n’en ai pas beaucoup, mais je les estime grandement, comme le Baikal ou Band-e-amir. Aujourd’hui, j’ai pu ajouter celui de Petén Itzá, au beau milieu de l’immense foret du Peten et du Yucatan. Ma collection de cols et celle de caps restent  tres largement en tete, mais quel bonheur de noyer ma crasse dans celle du lac, apres avoir sué toute la journee dans les ruines de Tikal!

Nous voici donc de retour au Guatemala, quoiqu’avec une coloration assez differente. Ici, dans la plaine humide, il y a bien les ruines des defunts royaumes mayas mais plus leurs descendants qui sont montés sur le haut-plateau voici quelques siecles. Ce n’est plus le monde indien: On est metis et on parle espagnol. Quant aux villages, ils sont bien mornes, et beaucoup plus rares.

D’ailleurs, j’ai parlé de foret, mais elle n’existe plus. Ce sont des paturages pelés que seuls ponctuent quelques carrés de mais par-ci par-la. Ironie de l’histoire, la zone de Tikal, autrefois hyper-urbanisée avec ses 100’000 habitants autour du 8eme siecle, est maintenant la seule poche préservée de foret pluviale.

Triste constat: La nature du Guatemala, sur le plateau comme dans le Peten, est en etat d’agonie avancee. Bien plus qu’au Honduras voisin, tres genereux en paysages (presque) vierges.

Depuis la campagne hondurienne nous avons rejoint la cote caraibe en passant par San Pedro Sula, ville qui detient le triste record plus haut taux d’homicide des Ameriques. Passé une frontiere a Corinto, un poste paumé dans la brousse mais etape obligée de nombreux travailleurs migrants. Dans les collectivo, minibus qui s}assurent les liaisons entre villes ou villages, il y en a toujours et c’est l’occasion d’entendre leurs histoires. Ce qui m’a le plus frappé, c’est le grand respect, la reconnaissance meme, qu’ils ont pour les USA, malgre toutes les barrieres et toutes les douleurs. Et aussi, leur serenite. Ils s’en remettent a Dieu, minimisent les emmerdes, et ne gagent de rien. « Si le désert n’est pas dangereux? Ca dépend des fois… »

Puis, Livingstón. On a de la peine a croire que c’est le Guatemala. La majorité des habitants sont des Garifuna, descendants d’esclaves africains révoltés de Saint-Vincent  parlant une creole arawak. Mais ca ne vous dit probablement pas grnad-chose. Vous voyez le clip de Rihanna « Man down »? Eh bien c’est exactement cette ambiance!

Au beau milieu de ces Blacks, tous cooools et surtout tous completement defonces, hommes et femmes, jeunes et vieux, il y a de petits indiennes mayas kek’chi, des metis aussi bien sur, et meme quelques descendants directs de paysans espagnols. Un melange déroutant qui vit en paix, aidé certes par une bonne dose de stupefiants ou d’alcool. Mais qu’importe, il en faut parfois pour huiler les rouages d’une société.

Entre deux passages chez les Chapín

janvier 25, 2012

Gracias de Lempira, Honduras

Un petit bourg au milieu des collines boisées, beaucoup moins couvertes de bananiers que je ne le pensais. Car c’est pour ce pays, inféodé des le début du siecle aux majors étatsuniennes de la banane, que le terme « Republique bananiere » a ete forgé.

En fait, la nature est bien moins dégradée que sur le plateau guatémalteque, sous forte pression démographique. En revanche, ce dernier a pour lui d’etre le pays le plus « indigeno » du continent. A part la Ciudad (Guate. City) tenataculaire et la coloniale Antigua (l’ancienne capitale), les villes et villages du plateau  sont peuplés exclusivement d’indiens pur souches, qui tiennent leur région avec fierté.

Deux pays dans un territoire, le Guaté: A la telévision comme en politique, tous sont des Européens. Les autochtones semblent n’en avoir cure, et vaquent a leur labeur comme des spectateurs distants. Ils parlent au quotidien Qu’iché, M’am, Kankhobal, Tsutukhil, Kachq’ikel ou bien d’autres. Dignes dans leurs habits ancestraux, ils sont propres, fiables, et polis en toute circonstance.

Le contraste est net avec le Honduras ou les gens sont les indigenes ont ete completement dilués dans la société et castillanisés. Etrange de voir ces blancs qui, d’ancetres venus chercher les richesses du nouveau monde, se retrouvent pauvres, habillés avec des nippes et souvent crasseux, a trimer dans leurs champs cuits par le soleil meme en hiver.

Les Honduriens sont parfois moins droits dans leurs bottes (que tous les hommes portent avec machette et chapeau de cow-boy) que les peuples mayas, mais compensent avec une attitude décontractée qui fleurent bon les Caraibes.

C’est d’ailleurs la-bas que nous allons nous diriger demain, avant de repasser coté chapín.

En monde maya

janvier 18, 2012

San Juan Ixcoy de las Cuchumatanes, Guatemala.

Bonjour cher tous,

Ces derniers temps, les billets de ce blog ne parlent plus beaucoup du Japon et vous m´en voyez contrit. Mais oú va ce blog? Ma foi, pour l´instant il s´enfonce au coeur du Guatemala.

Apres une nuit a Mexico city, j´ai rejoins mon ami Romain avant-hier a San Cristobal de Las Casas, au Chiapas ou il etait en stage dans une ONG depuis octobre. San Cristobal, la ville de la rebellion zapatiste de 1994, la ville des Tzotzil et Tzetlal, un beau saut dans les montagnes du pays maya. Mais Romain en avait marre de ronger son frein au Chiapas, alors nous avons traversé cette frontiere qui l´aimantait.

A ma grande surprise, il y a une nette fracture entre Chiapas et Guatemala, comme l´illustre notre passage en bus. De San Cristobal a la frontiere, un bus de ligne avec télé et toilettes, qui plus est vide de tous autres passagers que nous (Peut-etre l heure matinale?). Le bus part selon l horaire, passager ou pas.

De la frontiere a Huehuetenango, un autocar aussi colore que sur la route du Karakoram, avec 7 personnes par rangée, sans compter les marmots que les femmes portent en bandouillere sur leur tuniques brodees. Je crois avoir décelé chez les Guatemalteques une espece de don de « pluriquité ». Sinon, comment expliquer que dans l´intervalle de 30 centimetre entre les rangées, il puisse y avoir en meme temps la fesse gauche d´un passager, la jambe de celui d´en face, un autre debout, les bras de quelques autres (ca bringuebale), et deux meres qui se croisent, leur gamin dans le dos?

Tous le long de la route, le bus a pris des passagers supplementaires, tout en en deposant certains. La route longeait une gorge qui au bout d´une heure et demi s´est ouverte en une large vallée, urbanisé anarchiquement, plutot un grand carrefour marchand qu´une ville, Huehuetenango. Je pensais a certaines villes de Chine centrale ou du Sud-ouest, avec ces ethnies colorées des montagnes alentours qui viennent commercer au milieu du beton et des fumées noires du traffic chaotique, sans sourcilier.

Les peuples mayas ont l´air industrieux et n´essayent jamais de rouler quelqu´un dans la farine, meme pas nous les gringos. Ils sont taciturnes, parfois un peu farouches, et reagissent avec une remarquable réserve a notre arrivée, sans avalanche de question et sans regard insistant.

A peine arrivé a Huehue, apres un frishti et une biere locale, nous nous sommes echappé dans les montagnes de Las Sierra de las Cuchumatanes, d´ou j´écris. San Juan Ixcoy, a 5 cols de Huehue, dans le pays des Kanjobal, passé le pays des Ma´m.

Trois jours seulement de voyage et j´ai deja pris le maquis! Mais visiblement pas assez, si je peux vous ecrire depuis un cafe internet. C´est donc l´heure de partir manger de cette route tout en méandres et précipices, plongée la moitié du temps dans les brumes laiteuse et froides de la Sierra!

A bientot,

Adrien

La seule liberté que vous n’aurez pas est celle de renier votre liberté

décembre 22, 2011

Décidément, j’ai vraiment de la peine à écrire régulièrement lorsque je suis ici. Alors autant vous dire ce qui me trotte par la tête, quitte à m’écarter du sujet fondateur de ce blog! Les histoires au coin du feu d’aventures picaresques dans l’archipel attendront encore un peu…

Je suppute que peu d’entre vous suivent les prémices des éléctions présidentielles étatsuniennes avec assiduité. Dommage. Vous passez à côté d’un théâtre ambulant qui repousse les limites de la bêtise, de la farce et de l’absurde comme jamais avant en politique. Je parle des primaires à l’investiture républicaine. Un pur délice, un feuilleton à très haut pouvoir addictif.

Je ne vais pas reproduire ici les répliques d’anthologie qui ont rythmé la campagne depuis le printemps, mais sachez que le cru 2011-2 atteint des sommets. La recette de cette réussite, une brochette de tarés – 5 personnages tellement à droite de l’échiquier qu’ils en sont tombé, et, hors-champs, un peu comme les ultrasons pour l’oreille humaine, flottent dans des limbes obscures où l’emporte-pièce règne en monarque absolu…à moins que ce ne soit Sauron.

Les autres candidats ont de la peine à faire autre chose que de la figuration, devant l’ingéniosité déployée par les 5 affiliés au mouvement du Tea Party. Tour à tour ils ont été grands favoris, à chaque fois pour exploser en vol au bout de quelques semaines. Il y a eu Bachman la milf créationniste incapable de citer le nom d’un journal, quel qu’il soit, puis Rick Perry, ses discours bourré et sa mémoire limitée à deux éléments par liste, et surtout Hermann « blacker than Obama » Cain, au programme de taxation copié de Sim City, sa proposition d’électrifier la frontière avec le Mexique, j’en passe et des meilleurs.

En cette fin d’année, Hermann Cain a arrêté sa campagne, concluant sur une citation « tiré du film Pokémon », Rick essaye de relancer la sienne en s’insurgeant que « Les gays peuvent servir ouvertement dans l’armée mais les enfants ne peuvent pas célébrer ouvertement Noël », et le dernier des 5 amateurs de thé, Newt Gringrich, descend dans les sondages aussi rapidement qu’il a monté il y a trois semaines.

Serait-ce enfin l’heure de percer pour Mitt Romney, le riche mormon? Il est éternel second dans les sondages, avec une constance remarquable depuis le printemps. Comme l’a fait remarquer Stephen Colbert dans son show, les autres ont un sacré avantage sur lui: eux ne sont pas Mitt  Romney [Il semblerait qu’il est psychologiquement très difficile pour beaucoup d’électeurs républicains de voter pour un mormon] . Mais non, cette fois-ci, je jubile, c’est mon préféré qui prend son envol: Ron Paul. Et il est le sujet de ce billet.

Ron Paul est le politicien le plus cohérent des Etats-Unis. Un ovni, un isolé, un paria presque. Peut-être le seul à ne pas représenter des lobby. Gynécologue de formation, il est représente le Texas au congrès depuis 35 ans.

Il est libertarien, un courant dont le programme tient en 3 mots: Liberté individuelle ABSOLUE.

Ne tolérant aucune dérogation à cette prémisse, il défend notamment:

-La suppression de la plupart des impôts;

-Le démantèlement de la Réserve Fédérale;

-La suppression de 5 ministères, dont l’éducation, le commerce, l’intérieur;

-La suppression de la CIA;

-La non-intervention internationale, impliquant le renoncement à toute guerre;

-Le retrait des USA des organisations internationales, notamment ONU, OMC, OTAN;

-Le mariage gay;

-La légalisation de tous les stupéfiants;

-L’abolition de tous les fichages, jusqu’à la carte d’identité;

Il argumente que seule une liberté individuelle absolue peut avoir un impact positif sur l’environnement. Dit simplement, la pollution de l’air, de l’eau ou des sols, par exemple, en altérant la propriété d’autres individus, est contraire au système libertarien. Il faut bien comprendre que la liberté individuelle est comprise comme l’expression d’un droit absolu sur son propre corps, sa propriété et l’objet de son travail. La seule restriction est celle de ne pas pouvoir renoncer à sa propre liberté.

Si cela vous intrigue, jetez un oeil au bouquin de Nozick, « Anarchy, State and Utopia » (1974), un ouvrage de référence s’il en est, qui montre à quel point le système philosophique dont s’inspire Ron Paul, s’il contredit nombre de principes auquel nous tenons, présente très peu de failles et que la contradiction, de fait, est dans notre camp!

Perpétuellement mis à l’écart par les mainstream media, Ron Paul a pourtant réussi à tenir bon en répétant inlassablement, depuis 40 ans, son programme inhabituel mais solide comme le roc, et qui nous oblige à revenir aux racines de nos convictions. Parce que les racines aussi pourrissent parfois.

Ah! La belle Escalade

décembre 10, 2011

Genève, samedi 10 novembre.

Sur la place vernie par le soleil d’hiver, bouillonne depuis le matin l’effervescence des répétitions du cortège de l’escalade.

Nul instant ne passe sans que, qui les fifres et tambours, qui les robustes chevaux de la garde, qui le carillon de la cathédrale, qui les tirs de mousquet, qui enfin, les coitrons déguisés au comble de l’excitation, l’imminence d’un événement majeur ne porte au loin son appel.

Hier vendredi, à voir les cradzets s’encoubler dans leur déguisement ou quémander des bonbonailles, les collégiens danser le picoulet après s’être mis une secouée dont ils parleront encore dix ans plus tard, et tout ce beau monde bouëler joyeusement le cé qu’è lainô, on aurait dit ce carnaval que n’a Genève. Mais aujourd’hui, les rondes martiales qui quadrillent la vieille ville semblent appeler le citoyen à une bataille décisive, et le modeste bourg-de-four se mue en colline(Har) de Magedon. Les Savoyards n’ont qu’à venir, on leur mettra une branlée !

C’est demain que le cortège défilera, et il me rend bien nostalgique. Quand j’étais chiard, je faisais partie de la compagnie 1602, et les souvenances de ce fameux soir asse naire que d’ancro restent vives en moi : Dans la suie des torches et les cliquetis d’armures, cherchant des chauferettes dans mes habits de feutre, enviant les « grands » qui avaient du vin chaud…